Apothecarium : « Demo II »

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13 mars 2019 par Vincent Mondiot

   Ces temps-ci je suis vraiment dans des bails très très sombres, musicalement. Après ma plongée tardive mais suffocante dans la discographie de Lil Peep, je me suis mis suite à la lecture de ce très bon article à un courant musical qu’on désigne sous le nom pas pire qu’un autre de dungeon synth.
Fille difforme de la synth wave, qui était elle-même l’enfant déjà bien dégénéré de plusieurs courants d’electro, la dungeon synth est une musique étrange, qui doit beaucoup au black metal pour l’atmosphère et l’imagerie, et à l’ambient pour le versant purement musical de son identité.
En gros, il s’agit de morceaux minimalistes, sans rythmique, principalement électroniques, qui font la part belle aux ambiances éthérées, aux bruits chelous mal enregistrés, et aux expérimentations sonores à base de vibrations continues.
Question imagerie, ces projets bizarres « parlent » (les guillemets s’imposent, puisque l’absence à peu près totale de voix fait partie intégrante du style) de trucs bien geeks, genre des gobelins vicieux, des forêts hantées, des châteaux abandonnés ou des guerres entre trolls et chevaliers noirs.
Le tout est fait par des gens rarement identifiés, et ne sort généralement qu’en cassettes audio, même si c’est presque toujours disponible au téléchargement gratuit quand tu sais fouiller dans les eaux sombres de Bandcamp. Les pochettes sont invariablement dégueulassement cheap, comme la musique elle-même, les projets les plus « connus » doivent culminer à quelques centaines d’auditeurs, et évidemment, depuis une grosse semaine, je n’écoute plus que ce genre d’inepties. Il y a donc de bonnes chances pour que je t’en fasse plusieurs critiques dans les jours qui viennent.
#CeuxQuiConnaissentCeBlogSaventQueJeNenFeraiSûrementRien

   On commence notre exploration avec la deuxième démo du projet texan Apothecarium, sortie en 2016 et distribuée par le label Moonworshipper Records, qui donne dans le black metal et l’electro.
Apothecarium me semble être une bonne porte d’entrée à ce style, puisque, tout en y appartenant très clairement, il reste relativement accessible, loin de l’aridité ou de l’expérimentation extrême de certains autres projets. A une exception près (le dronant Ruminations on Freyr, qui consiste quasi uniquement en un long frémissement assourdissant de cinq minutes), les huit pistes de cette seconde démo sont mélodiques, et évoquent des ambiances warhammeriennes du plus bel effet.
Sur la page Bandcamp de la démo, un certain Ocyar résume le projet bien mieux que je ne pourrais moi-même le faire : « Like the soundtrack for an obscure 16-bit rpg ». C’est exactement ça. La bande-son d’un jeux de rôle qui n’existe pas. Quand j’écoute ce disque, j’ai l’impression d’être en train de jouer à un Livre dont vous être le héros. Et c’est une impression que je suis toujours très heureux de ressentir.
En ce moment je bosse sur la suite du roman Les Mondes-miroirs, et je ne te cache pas qu’Apothecarium me met dans une ambiance pas dégueu pour écrire.

   Comme annoncé, cette démo n’est sortie qu’au format cassette et est depuis longtemps épuisée, mais tu peux l’écouter et la télécharger ici, et faire de même avec la précédente en allant . Tout est gratuit, comme à chaque fois dans ce style des enfers.

   Rendez-vous bientôt, je pense, pour d’autres cassettes débiles conçues comme des B.O. pour exploration de catacombes.

6 réflexions sur “Apothecarium : « Demo II »

  1. Wow, tu te perds encore plus que moi sur Bandcamp 😮 Je vais tâcher d’écouter ça, je pense que ça va tout aussi bien coller avec mon projet actuel que le death progressif ! 🙂

  2. […] l’année dernière, ce disque de dungeon synth (pour les retardataires, j’explique ici en quoi consiste ce genre pour le moins particulier dont je suis complètement amoureux) se […]

  3. […] que tu es familier du genre qu’on appelle le dungeon synth ? Épitaphe, sans en être, m’y a fait penser et, comme beaucoup des disques de dungeon […]

  4. […] pour mettre des trucs un peu plus cool. J’ai jamais osé lancer du punk, du PNL ou de la dungeon synth, mais je fais régulièrement tourner du Tessæ, du Marina and The Diamonds, des choses comme ça. […]

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