Les Mondes-miroirs : interview de l’illustratrice Qistina Khalidah

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27 juillet 2018 par Vincent Mondiot

    Bon, donc, voilà, dans moins d’un mois va sortir en librairies Les Mondes-miroirs, mon nouveau roman écrit avec Raphaël Lafarge. Il s’agit d’une histoire dont je suis vraiment content, pour tout un tas de raisons, et histoire d’aider à sa promotion d’une façon qui, je l’espère, sera intéressante pour tout le monde, j’ai voulu interviewer les personnes qui ont participé à sa conception. Tous ces gens qui travaillent dans les coulisses du monde de l’édition, et sans lesquels aucun livre ne sortirait jamais.
On commence aujourd’hui avec Qistina Khalidah, l’incroyable artiste malaisienne à l’origine de la couverture des
Mondes-miroirs. Un énorme merci à elle, tant pour ladite couverture que pour ses réponses. Ce livre n’aurait pas été le même sans sa participation. Si vous ne la connaissez pas déjà, préparez-vous à découvrir une artiste assez grandiose.

Salut Qistina ! Bon, je t’ai découverte via la couverture que tu as faite pour notre roman, mais il semblerait qu’en fait tu dessines depuis déjà un moment ! Comment tu as commencé ?

Tout d’abord, je voudrais te remercier pour l’interview. C’était un plaisir de travailler sur votre livre, qui m’a l’air très intéressant !
Je ne suis pas dans le milieu de l’illustration depuis très longtemps, comparé aux autres professionnels. Je travaille en indépendante depuis trois ans, et j’ai débuté juste après l’université, en 2015. Être indépendante n’était pas mon idée première après la fac. Ma carrière artistique a juste commencé ainsi, et j’ai suivi le mouvement.

A quel moment tu as commencé à sentir que ça devenait « sérieux », en termes de retours, de popularité, de reconnaissance professionnelle… ?

Je pense que c’est quand mes illustrations ont commencé à intéresser des auteurs et des éditeurs que j’ai réalisé que je pouvais vivre uniquement de mon travail d’illustratrice freelance. J’ai même pu travailler avec Cassandra Clare, l’auteur de la très populaire série La Cité des Ténèbres, ce qui a été l’un des grands moments de ma carrière.

Ton style est très marquant et personnel. Je ne te connais que depuis quelques mois, et pourtant je suis déjà capable de reconnaître immédiatement l’une de tes illustrations. Quelles sont tes influences ?

Beaucoup de gens me disent que mon travail leur rappelle celui de Gustav Klimt, et j’aime à croire qu’il est l’une de mes influences majeures, mais il n’est pas la seule. Je suis aussi une énorme fan de Sergio Toppi, Bob Peak, Jeff Jones et plein d’autres.

Une caractéristique importante de ton travail se trouve dans ta mise en couleurs. Comment tu procèdes, techniquement ?

Ma méthode est purement informatique. Je travaille uniquement avec Photoshop, rien d’autre. Même si mes illustrations semblent parfois traditionnelles, c’est parce que je les édite volontairement pour leur donner un aspect usé, daté. C’est une petite préférence personnelle. Je suis une grosse fan de peinture classique.

Il semble que tu travaille principalement dans l’univers de la fantasy. Est-ce que c’est un genre que tu aimes en tant que lectrice, également ?

Ho, oui, clairement ! J’ai grandi en lisant Narnia, Eragon et plein d’autres livres de fantasy. C’est à ce moment-là que j’ai su que je voulais illustrer des romans de fantasy, et en vivre. Et je crois que j’ai déjà commencé à vivre ce rêve, justement.

Est-ce qu’il y a des livres que tu aurais aimé illustrer ?

En ce moment je suis fan de Game of Thrones, donc clairement j’aurais adoré illustrer les personnages et l’univers de George R.R. Martin.

Tu as une autre particularité (au moins pour moi qui suis français !), c’est que tu es malaisienne. C’est un pays et une culture que nous rencontrons rarement, en France. Est-ce que tu peux nous parler de quelques artistes malaisiens qui te semblent importants ?

Quand j’étais à l’école, j’admirais une artiste locale qui se fait appeler kiDChan. Son travail est assez unique et connu. C’est l’une des artistes qui m’ont donné envie de continuer dans cette voie. Ensuite il y a aussi Johnson Ting, qui est très important dans le milieu du concept art, et enfin Vince Low, l’artiste qui a fait ces portraits abstraits de célébrités qui sont devenus viraux sur internet.

C’est la deuxième couverture de roman que tu fais en France (la première ayant été pour La Crécerelle, de Patrick Moran, publié il y a quelques mois également chez Mnémos). Est-ce que tu as fait d’autres couvertures dans d’autres pays ?

Non, pas vraiment, pour le moment. Mes clients sont généralement américains ou français, même si j’aimerais travailler avec d’autres pays. A part Mnémos, je travaille aussi avec un autre éditeur français, Arkhane Asylum, qui fait des jeux de rôles.

Au niveau business, est-ce que ça devient plus facile, pour toi, de te faire connaître ? Généralement, ce sont les éditeurs qui te contactent, ou le contraire ? Et enfin, est-ce que tu vis de ton art ?

Oui, j’ai l’impression que ça devient plus facile pour moi de trouver des clients, grâce à mes relations et ma présence sur les réseaux sociaux. Les clients me contactent toujours en premier pour leurs projets, et oui, je vis désormais de mon art !

Est-ce que tu as un conseil à donner aux illustrateurs qui débutent ?

Je leur dirais que même s’il est important de chercher à améliorer sa technique artistique, il est tout aussi important d’apprendre à gérer l’aspect business de tout ça. Vous êtes vos propres managers, agents, comptables… Ce n’est pas facile, mais c’est faisable. Plein de gens m’ont dit que ce n’était pas possible de vivre de mon art, et pourtant, je le fais, et pas qu’un peu ! Alors n’abandonnez pas !

Est-ce qu’il y a une illustration dont tu es particulièrement fière ?

Je dirais que mon Beekeeper est le dessin dont je suis le plus fière. Même si ce n’est pas l’illustration la plus dingue que j’ai faite, j’en suis fière parce que j’ai toujours eu du mal à mettre en mots mes difficultés et mes incertitudes. Mais réussir à poser sur la toile mes émotions négatives, c’était beaucoup plus facile. Même si c’était encore compliqué pour moi d’enfin montrer à tout le monde mon côté vulnérable, je l’ai quand même fait, parce que je pense que c’est ce que signifie être un artiste : montrer quelque chose qui ne peut pas être dit.

Est-ce que tu as le projet d’un jour dessiner tes propres histoires et personnages ?

Ouais, j’aimerais vraiment, mais je suis plutôt intéressée par l’idée d’une collaboration avec un autre artiste ou un écrivain, pour mêler nos histoires ensemble. Ca me semble encore plus intéressant.

[C’est quand tu veux pour bosser ensemble, Qistina !]

Pour Les Mondes-miroirs, comme le roman est en français, tu n’as pas pu le lire… Mais tu as pourtant réussi à être en phase avec le ton du livre et l’esprit des personnages. Comment as-tu travaillé ? Quelles sont les spécificités liées au fait d’illustrer une oeuvre que tu ne peux pas tout à fait connaître ?

[En français dans le texte :] « Je comprends un peu le français » ! J’ai appris un peu de français ces derniers mois, donc quand j’ai lu le résumé de votre roman, j’en ai assez compris pour avoir une impression d’ensemble de l’histoire. Les éditeurs m’ont donné un court résumé en anglais, mais j’ai décidé de creuser un peu pour savoir de quoi ça parlait. C’est pour ça que je pense honnêtement que votre histoire est chouette. Je suis impatiente de pouvoir la lire !

Comment les gens qui s’intéressent à ton travail peuvent te suivre ou te soutenir ?

Ils peuvent déjà partager mes illustrations sur les réseaux sociaux, du moment qu’ils mettent un lien vers mon profil, et ils peuvent aussi acheter des impressions et des goodies sur mes boutiques INPRNT et Society6. Je suis également active sur Twitter et Instagram sous le pseudo Qissus, pour ceux qui veulent mieux me connaître. Pour mon portfolio, ils peuvent également aller sur ma page DeviantART. J’espère rencontrer de nouvelles personnes !

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2 réflexions sur “Les Mondes-miroirs : interview de l’illustratrice Qistina Khalidah

  1. Donovan dit :

    excellente initiative ces interviews à venir, déjà ce premier !!!!

  2. […] Qistina Khalidah  Art Station Twitter Instagram Tumblr […]

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