Wearing Memories : HORSE the band

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5 juillet 2012 par Vincent Mondiot

   Ce texte aurait dû être un sommet de virilité assumée et d’arrogance vestimentaire. La preuve définitive de mes indomptables qualités de guerrier du quotidien.
Parce qu’en effet, il va être ici question d’un autre de mes t-shirts… Un t-shirt qui s’avère être bleu fluo, et orné d’un personnage qui, lui, est rose fluo. Epilepsie de masse et gros majeur métaphoriquement dressé au monde entier.
Sauf que.
Bah ouais. Sauf que, depuis l’achat en 2004 de ce t-shirt, ont déferlé sur nous la mode de la tektonik, les fluo kids qui allaient avec, et même dans le microcosme punk-hardcore, les groupes américains n’ont cessé, depuis quelques années, de rivaliser de mauvais goût au moment d’imprimer leurs t-shirts et de ne plus vouloir utiliser que des couleurs avec le mot « néon » dedans.
Mais bon, je ne vais pas me défiler, et je vais lever la tête en le disant : j’étais là le premier. J’étais hype avant la hype. Et le t-shirt dont je vais parler a, un jour, été considéré comme de mauvais goût.

   Ouais, 2004, donc. Un jour ou deux avant de décoller pour un voyage solo d’un mois que je m’étais organisé aux Etats-Unis. Histoire de dire au revoir à la région parisienne, je me retrouve sans trop bien savoir pourquoi dans une péniche, sur la Seine. Il s’y organise le premier concert français d’un groupe dont, à l’époque, je ne sais pas grand-chose. Ce groupe, il s’appelle HORSE the band, et il est destiné à devenir l’un de mes groupes favoris, comme le prouve le lien précédent, sur lequel je recommande fortement de cliquer.
Je ne m’attendais à rien. Je me prends donc le concert en pleine face. Là on parle tornade, pluie de pains dans la gueule, folie liquide qui chasse le sang dans tes veines pour le remplacer jusqu’au dernier globule rouge. Quelques groupes de première partie dont je me souviens mal (genre un groupe de punk à roulettes français qui s’appelait Hogwash et des Anglais qui s’appelaient Mistake Us For Friends… Peut-être que ça évoquera quelque chose à d’autres vieillards de mon style), et puis une petite heure de l’hystérie du HORSE. Je découvre, je bande, je hurle en choeur à m’en faire saigner la trachée.
En fait je sais pas trop si la trachée est mise à contribution quand on hurle, mais peu importe. Encore aujourd’hui je garde un souvenir ému de cette soirée, des tentatives du groupe pour créer un mouvement de foule susceptible de faire chavirer la péniche, du whisky qu’ils s’enfilaient comme de l’eau et des hurlements de leur chanteur psychologiquement titubant. Tiens, d’ailleurs, ici y’a une vidéo de la soirée, qui illustre fort à-propos la chanson « Cutman », elle-même illustrée sur le t-shirt.

   Je ne vais pas trop m’étendre sur ce que je pense désormais d’HORSE the band, je l’ai déjà dit ici (oui, c’est le même lien que plus haut, va te faire enculer), et ça n’a pas changé depuis. D’ailleurs, c’est « marrant » (l’hilarité n’est pas garantie non plus), mais ces jours-ci je n’arrive, dans les transports en commun, qu’à écouter HORSE the band, Thursday et Booba. Tout le reste me paraît fade et stupidement souriant.
Mais retour en ce jour d’août 2004.
Le concert m’a tellement violé le cerveau que j’en repars avec, forcément, le premier album du groupe, « R.Borlax« , et un t-shirt. Un t-shirt qui, dans la pénombre de cette péniche enfumée, m’était apparu comme une révélation divine, un signe me disant que mon voyage du lendemain allait tout déchirer, que ma vie allait être géniale, et qu’un jour je pourrai voler et lancer des boules de feu, tout ça pour peu que je garde ce t-shirt béni de l’Olympe.

   Je l’ai fait. J’ai toujours le Saint-T-Shirt. Il n’a pas tenu toutes les promesses sussurées au fond de ce bateau, mais il m’a au moins souvent offert la satisfaction d’attirer des regards dubitatifs et vaguement réprobateurs. Huit ans de lavages ne sont même pas parvenus à atténuer son degré d’agression, et ses couleurs sont encore aujourd’hui des hurlements visuels balancés à bout portant à tous ceux qui auraient la témérité de poser les yeux sur le Très-Puissant-Vêtement.
Bon, je sais, sur la photo il fait un peu pâle, mais c’est la faute au flash.
Je me souviens d’un matin à la fac, où j’exhibais non sans fierté la Très-Haute-Etoffe, et où un type de ma classe dont je ne pensais rien de très positif m’a dit : « Il fait pédé, ton t-shirt, quand même, non ? »

   Aujourd’hui ce Cutman ophtalmologiquement hostile a vu son pouvoir diminué par la suscitée arrivée de la tektonik et de ses looks fluos, puis par la montée en puissance de ces fins de branlette que sont les trendy-geeks parisiens, avec leurs boucles de ceinture en forme de manette Nes et leurs contacts chez Publicis ou Canal +. Mais je le porte encore. Parce qu’il me donne la force de dix bisons et l’intelligence du séquoïa millénaire. Ce t-shirt est une cape de super-héros, putain.

    Cut-ManCut-ManCut-ManCut-ManCut-Man

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Une réflexion sur “Wearing Memories : HORSE the band

  1. […] the band est l’un de mes groupes favoris. J’en ai déjà parlé deux trois fois ici, il y a longtemps (faut dire que leur dernier album date quand même de 2009, c’est au […]

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