Ça fait un an que Harry Mack me rend heureux

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27 janvier 2022 par Vincent Mondiot

Et oui, je sais, il y a un genre de sous-entendu sexuel dans mon titre. C’est ainsi, vous comme moi devrons vivre avec, nous n’avons pas le choix, il est trop tard pour modifier tout ça.

Harry Mack, c’est un Californien qui fait des freestyles de rap sur internet. Comme un peu tout le monde, je l’ai découvert pendant nos confinements successifs, période que j’ai, pour ma part, principalement mise à profit pour ne rien branler sur YouTube, mais que lui a utilisée pour se faire connaître via la même plateforme.
Pour ceux du fond qui, vraiment, débarquent complètement : un freestyle, À LA BASE, c’est une improvisation rappée, généralement sur un thème imposé ou autour de mot lancés à la volée par les spectateurs. Ca a pas mal été popularisé, aux yeux du grand public, par 8 Mile, le biopic d’Eminem, mais ça existait évidemment bien avant (et d’ailleurs, dans 8 Mile, il ne s’agit pas vraiment de freestyle, vu qu’il écrit ses textes à l’avance, et qu’en plus, c’est juste un film, rappelons-le. Mais c’est un détail).
Cependant, avec le temps, le terme a complètement changé de sens et, aujourd’hui, quand on parle de « freestyles », dans le milieu du rap, ça désigne juste un live paresseux à la radio, avec des textes souvent issus de morceaux préexistants et des instrus choisies par l’artiste. Bref, un simple live, quoi.
Harry Mack, lui, a redonné au mot son sens initial.
Et, dans le même temps, il a décidé de devenir le dieu absolu de la discipline.

Le format le plus populaire de la chaîne de Harry Mack, avec plus de cinquante épisodes à ce jour, c’est les Omegle Bars : Harry va sur le site Omegle (qui met en contact, de manière aléatoire, des gens connectés avec leurs webcams allumées), il évite de voir trop de types en train de se branler, puis il demande à des gens qui ne le connaissent pas de lui balancer trois mots. Et, dans la foulée, sans aucune préparation, il lance une instru et rappe dessus en improvisant à partir des mots imposés.
Et.
Ca.
DÉFONCE.
Parce qu’il ne se contente pas de placer lesdits mots au détour d’une rime où ils rentreraient bien, hein : il fait tout un couplet sur chacun, se permet des jeux de mots, des métaphores, des sous-entendus, il joue avec le champ lexical, avec les assonances et allitérations possibles, il rajoute des rimes concernant les gens qu’il a de l’autre côté de l’écran, la décoration de leur chambre, leurs habits, leurs réactions, les quelques phrases échangées avant le freestyle… Tout ça, encore une fois, en improvisation totale, sans aucune préparation du texte.
Ca donne un résultat juste dingo. Le cerveau du mec fonctionne très, très bien. Il a expliqué dans une vidéo sur sa méthode qu’il s’entraînait à freestyler depuis qu’il avait douze ans, et je veux bien le croire. Il a amené son art à un niveau inenvisageable pour 99% des gens, je pense, et même pour 99% des rappeurs. C’est une dinguerie.
Il est un peu comme un écrivain qui, d’une part, serait en train d’écrire un putain de roman, avec des phrases de ouf dans tous les coins, mais qui, en plus, le ferait avec un chrono posé à côté de lui qui l’empêcherait de se relire et l’obligerait à écrire sans jamais interrompre le bruit des touches de son clavier.
C’est surréaliste à regarder.

Et, pour les sceptiques : oui, je sais, c’est internet, et si ça se trouve, les gens qu’on voit dans ses vidéos sont ses complices, il a déjà tout écrit à l’avance, et en fait tout ça est une gigantesque arnaque. Mais franchement, après avoir regardé l’intégralité de sa chaîne, je ne crois pas du tout à cette hypothèse. Pour moi, ce mec est 100% authentique.
Mais peu importe ce que je peux vous raconter : en l’occurrence, faut vraiment le voir pour le croire. Je vous mets donc l’une de ses vidéos, qui commence par l’un des freestyles les plus immédiatement impressionnants qu’il ait pu faire. Si après les cinq premières minutes, t’es pas en train de ramasser ta mâchoire, c’est bon, t’as le droit de t’en aller sans finir l’article, rien ne parviendra à te convaincre.

Mais au-delà du sens de l’improvisation et de la musicalité ultra impressionnante d’Harry Mack (parce que oui, bien sûr, en plus le mec rappe ultra bien et sélectionne des instrus généralement très cool), ce qui fait que sa chaîne me rend heureux depuis maintenant un an, c’est la positivité générale qui se dégage de ses vidéos.
D’une part, Harry fait toujours en sorte d’avoir des paroles bienveillantes : il ne tente jamais de se moquer, même « gentiment », des gens qu’il a en face de lui, il a des messages d’inclusivité et de tolérance, et plusieurs fois, sans qu’on lui demande rien, il a incorporé dans ses couplets des prises de position politiques certes assez basiques, mais toujours bienvenues : accueil des immigrés, féminisme, soutien à la communauté LGBTQ+…
Et d’autre part, et de manière peut-être plus importante encore, je trouve une vraie innocence à tout ça. A une époque où on commence à croire en la probabilité d’assister à la fin du monde, la fin de la civilisation ou, au minimum, à une troisième guerre mondiale, ça fait un bien fou de voir des gens, aux quatre coins du monde, qui se retrouvent en connexion pendant quelques minutes autour d’une performance musicale. Des gens du quotidien, pas maquillés, pas coiffés, allongés comme des sacs dans leur chambre, qui ne cherchent absolument pas à devenir des célébrités d’internet ou quoi que ce soit, et qui vont juste kiffer le moment, sans aucune arrière-pensée.
Parce que si Harry, lui, sait évidemment bien ce qu’il fait en lançant l’enregistrement, les personnes de l’autre côté de l’écran, elles, sont avant tout ses premiers et seuls spectateurs, au moment du freestyle. C’est pour elles qu’il rappe, à ce moment-là. Et je crois que, souvent, elles le ressentent et l’apprécient à sa juste valeur. Leurs sourires, en tout cas, semblent le confirmer. Pendant quelques minutes, elles sont au centre d’un moment particulier et rare. Et d’ailleurs, lorsque nous, gens d’internet, voyons ensuite les vidéos, c’est toujours aussi passionnant d’écouter Harry que d’observer les réactions des gens, de s’inviter chez eux, d’une certaine façon, le temps du freestyle. Là aussi, ça créé une connexion.

Donc, ouais… Franchement, dans cette époque troublée, Harry Mack me rend heureux, et il était temps que je cesse de le garder pour moi et que je le partage avec ceux d’entre vous qui ne le connaissent pas déjà. Je vous mets une deuxième vidéo avant de partir, mais je pense que si vous êtes arrivés jusqu’ici dans l’article, vous allez bientôt faire comme moi il y a quelques mois, et vous binger l’intégralité de sa chaîne en quelques jours (ne snobez pas les vidéos qui ne sont pas des Omegle Bars, les Guerrilla Bars sont tout aussi kiffantes).
Il poste une nouvelle vidéo tous les vendredis en début de soirée. On se retrouve autour de la prochaine ?

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