blink-182 : « California »
32 juillet 2016 par Vincent Mondiot
Ca y est, papa est de retour !
Bon, alors, bilan immédiat après une dizaine d’écoutes en deux jours :
– c’est un très bon album de pop-punk ;
– Matt Skiba s’intègre parfaitement au groupe, et sa voix n’est pas aussi proche que je le craignais de celle de Mark ;
– il y a de vrais moments forts, notamment l’intro Cynical, le très emo Los Angeles, Teenage Satellites, ou Kings of the Weekend et son « thanks God for punk rock bands » ;
– il y a peut-être deux trois titres en trop, mais vu que l’album en compte seize, ça tient à mon avis plus d’une générosité excessive que d’un remplissage malvenu ;
– la cover n’est pas moche, mais bizarre au niveau de sa composition, je trouve ;
– normalement les fans devraient aimer, c’est vraiment le chaînon manquant entre Take Off Your Pants and Jacket et l’éponyme, et ça évacue les ambitions démesurées du mal-aimé (partiellement à tort, selon moi) Neighborhoods. Ici, on a juste un album qui essaie d’être une bonne collection de chansons, et qui y parvient ;
– bref, c’est un disque enthousiasmant, bienvenu en ce début d’été.
Pour une analyse musicale plus en profondeur, tu peux taper « blink california review » dans Google, et t’auras déjà quelques centaines de résultats, probablement. Inutile que j’ajoute ma voix à tout ça, les avis semblent globalement tous aller dans mon sens.
Par contre, pour la valeur ajoutée certifiée 100% Survivre la Nuit, j’aimerais bien revenir sur ce que cet album représente, pour blink-182, et pour le pop-punk en général.
Parce que, lorsqu’en 2011 le groupe a sorti Neighborhoods, ça n’a pas vraiment remué la scène. Blink avait l’image, justifiée, d’un groupe rincé, qui n’avait plus grand-chose à dire et dont la reformation devait probablement beaucoup à la promesse de gros bif qui allait en découler. Et l’album qui a suivi n’a fait que confirmer ce manque d’enthousiasme général. Globalement, il s’agissait d’une fusion bâtarde entre les envolées U2esques d’Angels and Airwaves, le groupe solo de Tom DeLonge, et la volonté d’hymnes teenage qui a visiblement toujours animée Mark. Ca partait dans tous les sens sans vraiment arriver où que ce soit, et l’album a très vite été oublié de tous, que ce soit le public général de la scène pop-punk ou les die-hard fans du groupes. Encore une fois, je ne déteste pas ce disque, pour ma part, mais je ne peux objectivement pas crier à l’injustice. Non, malgré ses quelques qualités, il ne méritait pas une plus grand attention que celle qu’il a reçue, et le non-évènement qu’avait été sa sortie était dans l’ordre des choses.
Par contre, cette année, ça a été un autre truc, à l’annonce de California. Pour le coup, oui, sans trop qu’on s’y soit attendus, blink-182 est redevenu le groupe majeur de cette fameuse scène… Une scène qu’on pourrait certes qualifiée d’assez sclérosée, pour ainsi laisser le trône libre d’être repris par son ancien roi… Mais c’est un autre problème, que je vais laisser de côté pour le moment.
Le fait est qu’en tout cas, l’annonce de California et la promo qui l’a entouré ont agité une bonne partie des fans ces derniers mois. Le renvoi de Tom DeLonge, l’arrivée dans le groupe de Matt Skiba, les premiers extraits… Pour des raisons conjoncturelles difficiles à expliquer, ce coup-ci, la sauce a pris, et les gens ont attendu California, là où Neighbordhoods n’avait suscité qu’un mépris peu poli.
Et, là aussi, la sortie réelle du disque il y a quelques jours a confirmé l’enthousiasme. California est un bon disque, et surtout, c’est effectivement le retour au « good ol’ blink » que tout le monde réclamait depuis dix ans.
Mais.
Mais ce n’est que ça : un bon disque de pop-punk. Ce n’est aucunement un chef-d’oeuvre, aucunement un classique instantané, et s’il m’aurait tout autant plu venant d’un groupe inconnu, venant de blink, je ne peux m’empêcher d’accompagner mon avis d’un très léger, mais bien réel, sourire nostalgique.
Parce que ce retour au « good ol’ blink » confirme aussi ce qui était de toute façon évident : blink-182 n’est plus un groupe destiné à diriger le mouvement, et l’effervescence autour de ce nouvel album n’est principalement due, j’en suis certain, qu’à des raisons extra-musicales et au soulagement de les entendre faire des titres efficaces et agréables après les errances de leurs derniers méfaits. Dans dix ans, je doute que quiconque parlera encore de California. Là où, forcément, on continuera à placer Enema of the States dans tous les classements sérieux recensant les disques de rock les plus importants de l’histoire. California est un bon album, mais c’est un bon album comme il en existe déjà mille autres.
Et en même temps, ce n’est pas grave, ni vraiment décevant. C’est juste normal. Blink est un groupe qui vingt ans, et dont la trajectoire a été houleuse. Attendre d’eux qu’ils soient encore innovants et surprenants serait hors de propos. La formule nouvelle qu’ils ont proposée à la toute fin des années quatre-vingt-dix, ce pop-punk ultra radiophonique qui a parlé autant aux punk-rock kids du fond de la classe qu’aux frat bros les plus débiles, cette formule-là, elle est aujourd’hui rentrée dans l’imaginaire collectif des trentenaires occidentaux que nous sommes, et elle ne peut plus avoir quoi que ce soit de surprenant. Elle peut simplement nous faire sourire et nous évoquer nos années de lycée. Et on ne peut pas exiger d’un groupe, quel qu’il soit, qu’il se réinvente en permanence. C’est déjà un miracle que les trois gamins débiles qui étaient derrière Enema of the States aient réussi à créer quelque chose d’aussi important dans l’histoire du rock.
Aujourd’hui, avec ou sans Tom, avec ou sans expérimentation, avec ou sans nouvel album, blink-182 n’est désormais plus qu’un roi du passé, confortablement installé dans son trône un peu désuet et dans ses millions de dollars. Et rien que de le voir capable d’encore tenir sérieusement la route sur un long format, c’est déjà plus qu’on ne devrait en espérer. Donc ouais, California est un bon album de pop-punk, un bon album de blink, et c’est tout ce qui importe aujourd’hui.
Je vais pas être objectif pour un sou, car je suis un « faux » fanboy de ce groupe depuis le lycée. Faux car je ne scrute par leurs actus, et du coup j’ai raté la sortie de ce nouvel album (cf. peut être même celui d’avant, je ferai pas un bon voisin…). Donc merci à toi pour cette veille musicale. Tu sauves des gens comme moi chaque jour.
Ce son « californien », ça tabasse la maman de ton meilleur pote, mais gentiment, avec des sentiments d’adolescents. Le changement de joueur DeLonge/Skiba me perturbe un peu, car les voix sont clairement pas les mêmes, mais honnêtement, ça n’affecte en rien la qualité de la galette.
C’est et ça ne pourra jamais être Enema ou Take Off, mais on s’approche vraiment de ce genre de bijoux. M’est avis que le temps lui donnera, comme un bon Bourgogne ou Bordeaux, plus de valeurs.
Mention spéciale pour cette cynique intro (une tuerie ouais!) et No future. J’ai ri (malgré moi) à la première écoute de Brohemian Rhapsody, pardon.
Une ou deux critiques quand même ? Le titre de l’album et la pochette (plus que bof) : ils ont le même producteur que The Offspring ?!
Clairement, un bon disque 🙂 Après, je serais pour ma part plus prudent sur la place que l’histoire lui attribuera… Mais pour le moment, peu importe. Je sais que depuis genre deux semaines je n’écoute que lui, et que j’ai connu pire début d’été !
[…] Machine Gun Kelly est né en 1990. C’est important pour la suite de l’analyse, parce que ça signifie que, comme moi, comme toi, peut-être, il a grandi avec le pop-punk de blink, avec Greenday, Limp Bizkit et Linkin Park. Il a grandi dans cette époque où le rock s’était fait pop, un peu inoffensif, certes, mais surtout grand public. Cette époque où, pendant quelques années, il était redevenu la musique qu’écoutaient les adolescents. Ca n’a pas duré longtemps, et ça n’a pas laissé que de beaux enfants, mais c’est de ce bref moment dont Machine Gun Kelly se fait l’héritier, ici, comme tu as pu l’entendre dès Bloody Valentine, le premier single de l’album.Un album qui, donc, fait un peu figure, à l’écoute, de machine à remonter le temps. Si Tickets To My Downfall est sorti en 2020, il sonne en réalité bien plus comme un disque de 2002, qui aurait pu faire la couverture de Rock Sound sans problème.Et si ce que je viens de dire peut sonner comme une critique, il n’en est rien, réellement : Tickets To My Downfall est un meilleur album de blink que tous les albums que blink a sortis depuis quinze ans. […]