Hacktivist : « S/T EP »
Poster un commentaire3 avril 2014 par Vincent Mondiot
Afin de profiter au mieux de cette critique de disque, qui s’annonce, dès cette première et d’ors et déjà ardue à suivre phrase, comme un monument indépassable dans l’histoire de la littérature rock (on parle littérature, là, hein), il conviendra de se préparer afin de maximiser les sensations offertes par la lecture de ladite et suscitée critique.
J’ai mal à la tête.
Bref.
Ce que je veux dire, quoi, c’est que cet EP, pourtant sorti en 2012, est une machine à remonter le temps. Une machine à remonter le temps dont le cadran est bloqué au début des années 2000, en fait. Donc, tu sais ce qu’il te reste à faire : tu mets ton vieux sac Eastpack sur tes épaules, t’enfiles une paire d’Adidas Superstar, et tu ressors ton sweat Limp Bizkit du placard. Aujourd’hui, on parle neo metal.
Merde. Je suis très fier de mon intro, et maintenant, je découvre que je n’ai déjà plus grand-chose à ajouter sur cet EP. Ce qui, en soit, en dit déjà peut-être un peu sur sa qualité et sa capacité à marquer l’auditeur : celle-ci est proche du zéro absolu.
Ce n’est pas à proprement parler un mauvais disque, c’est bien fait, ça s’écoute sans problème, c’est bien enregistré, blabloubloubléblo, mais putain de sa mère, pour quiconque a été abonné à Rock Sound entre 1999 et 2004, l’intégralité de cet EP sonnera comme un souvenir poussiéreux.
Parce que merde, ça fait quand même quelques années que personne n’y avait touché, à l’héritage maudit du neo metal, si ? Genre décrié par les puristes dès son apparition, il a vite été complètement abandonné dès l’effet de mode passé (au milieu des années 2000, donc, remplacé qu’il a été par l’emo-FM à grosses mèches). Il présente d’ailleurs une étrange particularité : sa cote d’impopularité dans l’imaginaire metal collectif est telle que le neo a laissé extrêmement peu d’éléments derrière lui dans la soupe géante qu’est le rock en général. Les guitares accordées très bas, à la rigueur, mais c’est tout. D’ailleurs, dès qu’un chanteur se prend à rapper quelques mesures sur un couplet, t’inquiète pas qu’il se trouvera un chevelu houblonné dans le coin pour gueuler « c’est quoi cette musique de pédés ?! ».
Donc ouais, les Anglais d’Hacktivist et leur rap-metal représentent un surprenant anachronisme, un bond en arrière de dix ans. Surtout que la formule est ici appliquée dans la plus pure tradition, sans la moindre trace d’évolution par rapport à tous les troisièmes couteaux early 2000’s qui ont fait un petit billet en s’inspirant de Limp Bizkit et KoRn (name-dropping de l’enfer ? Kilkus, Simonsays, 3rd Strike, Prime, The Blank Theory, Sugarcoma, Dry Kill Logic, Primer 55, Spineshank, Taproot… Réécoute tout ça en shuffle et essaie de jouer à « qui est-ce ? » ; les membres des groupes eux-mêmes auraient du mal).
S’il était sorti à l’époque (et il aurait carrément pu, exactement en l’état), ce disque serait passé inaperçu, complètement noyé dans le flot quotidien que le genre déversait alors sur nos enceintes. Ca rappe comme avant, ça crie comme avant, ça sort les ambiances faussement malsaines comme avant, ça met des arrangements electro-cheap comme avant… Je veux dire, même le nom du groupe, avec ce K en trop, a l’air de dater de 2002 (en vrai le groupe a l’air d’être pro-piratage, licence libre et tout ça) !
Sauf qu’en sortant ce premier EP en 2012, Hacktivist réussit le tour de force de paraître original avec un neo metal méga classique. Bien joué.
Reste qu’une fois l’amusement nostalgique passé, ce disque n’a rien de bien intéressant à offrir. Pas plus que tous les groupes similaires de l’époque, tous ces types qu’on a oubliés au bout de quelques mois, comme on oubliera Hacktivist d’ici la fin de l’année. Ou de la semaine.
Je te laisse quand même avec le clip de leur reprise de « Niggas In Paris » (qui ne se trouve d’ailleurs pas sur l’EP), le titre de Jay-Z et Kanye West. Tu peux d’ailleurs télécharger gratuitement cette reprise sur le site internet d’Hacktivist. On se retrouve bientôt pour (peut-être) parler d’un disque plus intéressant.
Catégorie: Critiques de disques | Étiquettes : 3rd Strike, à l'ancienne, comme en 2002, Dry Kill Logic, Hacktivist, Kilkus, neo-metal, Prime, Primer 55, pro-piratage, Simonsays, Spineshank, Sugarcoma, Taproot, The Blank Theory